« Ce qui se passe à présent dans le monde arabe suggère un parallèle avec l’Amérique du Sud après la fin de la domination espagnole. Là aussi il y avait une série de pays proches par la langue, la culture, la religion et le mode de vie qui auraient pu se réunir, comme le firent les colonies anglophones d’Amérique du Nord, pour former un ou deux États de grande importance. En fait, il n’en fut rien et l’occasion, une fois perdue, ne se retrouva pas. »
Cette comparaison entre le monde arabe et l’Amérique du Sud a été esquissées par l’historien Bernard Lewis qui selon lui dans un article sur le panarabisme vu sur le plan politique c’est « une application aux peuples arabophones de l’idée de nation telle qu’on a le concevait au XIXème siècle ». En effet, le monde arabe est difficile à saisir dans sa complexité (préjugés, etc.). On doit inscrire notre réflexion dans la longue durée pour comprendre et saisir les nuances. L’embargo contre le Qatar, déclenché par la coalition formée par l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte et le Bahreïn le 5 juin 2017, est une des plus graves crises qu’aient connu les pays du Golfe. Robert Schuman disait "les pays qui font des affaires ensembles ne se font pas la guerre", il est clair que cette situation porte à faux le propos de Schuman. Les raisons de ce brutal isolement diplomatique et de cette crise au sein du monde musulman sunnite sont diverses mais toutes intimement liées. L’embargo total, commercial, aérien, maritime, humanitaire, diplomatique et militaire vise à faire plier Doha sur plusieurs points comme la fermeture de Al-Jazeera, les relations Iran-Qatar et de soumettre à des contrôles et des pénalités de ses voisins.
Cette « guerre des princes » vient déstabiliser de plus en plus un Moyen-Orient meurtri et fragile. Cet écartement du Qatar par l’Arabie Saoudite, les Emirates Arabes Unis, l’Egypte et le Bahreïn montre l’antagonisme présent dans cette région. Dans le même temps, le reste de la communauté internationale s’interroge sur la portée de telles turbulences. Elles ne constituent pas seulement un défi majeur pour la politique extérieure de Doha mais plus pour son émir, le cheikh Tamim bin Hamad Al Thani qui persévère dans la droite ligne diplomatique ouverte par son père en 1995, mais lèvent plusieurs interrogations sur les dossiers incontournables de la région : le drame syrien, la question irakienne, la normalisation des relations avec l’Iran ou le Hamas et la lutte contre Daech.
On peut alors se demander quel avenir subsiste pour le Conseil de Coopération du Golfe après de telles turbulences ? Sera d’abord notifiée la persistance de la crise et les données qui la font durer, puis la résultante de cette rupture diplomatique.
La persistance de cette crise
Des différents anciens : sources de mésentente
La crise de 2017, qui n’est pas une première entre les États du Golfe, a plusieurs racines. Depuis 1996 et la création par l’émir Hamad de la chaîne de télévision Al-Jazeera, qui a une vision critique vis-à-vis des régimes arabes, à provoquer des tensions récurrentes entre le Qatar et ses voisins. Ces derniers n'acceptent guère la liberté de ton, inédite dans le monde arabe, que la chaîne s’octroyait dans son traitement de l’actualité régionale. Dans les années qui ont suivi, l’émirat du Qatar s’est progressivement positionné comme acteur diplomatique, gênant parfois ses voisins. En Afghanistan notamment, le Qatar a tissé des liens forts avec les talibans aux dépens de l’Arabie Saoudite, l’un des rares pays à avoir reconnu le régime des talibans à l’époque où ils étaient au pouvoir. Le Qatar a également mis en œuvre le processus de Doha en 2008, concernant la réconciliation libanaise, en dépit de l’hostilité affichée de Riyad au Hezbollah, proche de l’Iran. Mais c’est à l’occasion des printemps arabes que la rupture fut consommée, les prises de position du Qatar divergeant de celles de ses voisins ont augmenté les tensions entre les alliés du Golfe. La gestion des hydrocarbures et notamment l’extraction de gaz avec l’Iran, la victoire par les urnes de plusieurs entités islamistes dont les Frères musulmans au lendemain des révolutions arabes, la sécurité régionale et internationale, le terrorisme et bien d’autres points forment des préoccupations communes.
En effet, le Qatar a offert son soutien aux manifestants qui appellent à renverser les pouvoirs en place, notamment en Égypte, où le président Hosni Moubarak, proche des pays du Golfe, a dû céder le pouvoir. Le nouveau président, Mohamed Morsi, était issu des Frères musulmans, ennemis jurés de Riyad et d’Abou Dhabi. En effet, il a été reproché à Doha de ne pas avoir une position ferme vis-à-vis de l’Iran, les deux États entretenant des relations cordiales, notamment en raison de l’exploitation conjointe de champs gaziers dans le Golfe. Ces éléments, associés à la volonté des puissances de la région de contrôler la politique étrangère ont débouché sur la crise de juin 2017, survenue quelques jours après la première visite de Donald Trump dans la région. L’ultimatum en 13 points adressé par Riyad, Abou Dhabi, Le Caire et Manama à Doha le 5 juin 2017 formule des exigences difficilement acceptables pour le Qatar, celui-ci ressemble de très près à l’ultimatum d’Hitler contre la Tchécoslovaquie de Benes en 1938, c’est-à-dire le choix entre la renonciation à toute souveraineté ou la guerre. Et les sujets de tension ne manquent pas entre ces deux pays du Golfe :
À commencer par l’Iran, véritable pilier de discorde entre les deux capitales. Le Qatar a toujours su entretenir de bonnes relations avec l’Iran, au grand désespoir de l’Arabie saoudite, dont Téhéran est considéré comme ennemi. Il faut dire que le minuscule État n’a aucun intérêt à provoquer un conflit avec l'Iran puisqu’ils ont des intérêts financiers communs portés par le gaz.
Les deux États sont en effet les propriétaires du plus gros gisement offshore (sous-marin) de gaz naturel au monde, le South Pars / North Dome, situé à cheval entre les eaux territoriales de l'Iran et du Qatar.
Une manne financière colossale qui a rapidement su mettre la petite monarchie sunnite et la république islamique chiite d’accord et en pleine coopération économique. La relation Emirates Arab -Unis et Arabie Saoudite ressemble à une relation maître -élève et le fait qu’ils partagent les mêmes projets d’avenir comme la volonté d’une « modernisation autocratique » mais aussi recherchent aussi d’arrêter l’expansionnisme d’un schisme révolutionnaire. La dureté des mesures surprend Wassim Nasr, spécialiste des mouvements et mouvances djihadistes. « C’est très fort. Ils coupent les circuits routiers, aériens et navals avec le Qatar. Ils ont donné quatorze jours aux ressortissants qataris pour quitter leurs territoires, explique-t-on au Parisien. Parmi eux, beaucoup de riches de familles qui comptent économiquement. Ils tentent d'asphyxier économiquement le Qatar ».
Une guerre médiatique
Les quatre pays qui sont contre le Qatar sont réduits à mener une véritable campagne de propagande dans les pays étrangers. Alors que les monarques du Golfe ont toujours veillé à régler leurs différends en « famille », à l’abri des regards extérieurs, ils ont choisi cette fois de recourir à une vaste campagne médiatique de dénigrement en vue de « faire plier l’adversaire ». En effet, le Qatar a également dépensé beaucoup d’argent pour « exister » sur la scène international, pour contrer les accusations de financement du terrorisme et se faire reconnaitre comme partenaire international fiable. Cette campagne de communication fondée sur « la diplomatie du chéquier » a fini par provoquer une réaction de Qatar Bashing. L’émirat s’est ainsi vu accuser d’être le pays le plus riche et le plus pollueur par habitant et aussi le pays au plus fort taux d’immigrés par habitant. Cette campagne a été extrêmement virulente en France. Les dirigeants de Qatar, un peu désorientés, sont ainsi passés de l’époque flamboyante de l’émir Hamad, au silence imposé aujourd’hui.
La chaîne de télévision qatarie Al Jazeera est également au centre des tensions entre les diplomaties du Golfe. Depuis le début des printemps arabes, Riyad accuse Doha d'influencer, via son bras médiatique, les percées politiques des Frères musulmans en Tunisie, en Libye et en Égypte. L'Arabie saoudite a d'ailleurs fermé lundi les bureaux d'Al Jazeera dans le pays et lui a retiré sa licence, accusant la chaîne de se montrer trop critique envers son gouvernement.
Le Qatar a annoncé mercredi 24 mai que son agence de presse Qatar News Agency (QNA) avait été piratée par une « entité inconnue » et avait diffusé un faux communiqué attribué à l’émir Tamim Ben Hamad Al-Thani sur des sujets régionaux sensibles. « Un faux communiqué attribué à Son Altesse a été publié », le faux communiqué traite de problèmes politiques sensibles avec d’autres nations de la région, dont l’Iran et Israël, ainsi que de la relation entre Doha et ses voisins du pays du Golfe. Face à cet acte de piraterie, un premier rapport du ministère des affaires étrangères met en valeur l’idée d’un complot visant le peuple qatari. De plus, il affirme également que ce complot mené contre Doha vise directement la responsabilité de l’Arabie Saoudite, les Emirates arabes Unis, Bahreïn et l’Egypte. De ce fait, Doha rappelle les diplomates qataris dans ces pays et renvoie directement des ambassadeurs de ces Etats en poste au Qatar.
La résultante de cette rupture diplomatique
L’échec de l’embargo
Le boycott imposé au Qatar avait pour objectif de faire plier l’émirat et de le convaincre de s’aligner sur les positions de ses puissants voisins, le résultat fut tout autre. Non seulement le Qatar n’a nullement cherché à harmoniser sa politique extérieure avec celle de ses rivaux, mais il a au contraire exploré de nouveaux moyens de préserver son autonomie. De plus, la crise a eu pour effet de réunir le peuple qatari derrière son émir et de se tenir en union face à cette crise qui touche leur souveraineté. Des grands panneaux avec l’image de l'Émir sont affichés partout dans le pays, dans les voitures, les institutions publiques et les entreprises.
Image de l'Émir sur toutes les façades du pays.
Sur le plan diplomatique, la crise de 2017 apparaît comme un échec majeur pour Riyad et Abu Dhabi. La sévérité des mesures prises à l’encontre du Qatar avait pour but de faire de cet État un « Bahreïn bis », sous domination voire tutelle saoudienne et émiratie, forcé de constater que l’échec est patent, Doha refusant d’obéir aux injonctions de ses voisins. Cet échec est à mettre en parallèle avec les difficultés par ailleurs rencontrées sur les autres terrains où l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis sont engagés. Au Yémen, malgré la récente offensive lancée par la coalition contre le port d’Al-Hodeïda, la situation demeure précaire. Les miliciens houthis n’ont toujours pas été vaincus et le président Hadi n’a pas été rétabli.
L’embargo semble se retourner contre ses auteurs : au Qatar, la panique a duré deux à trois jours, le temps nécessaire aux pays étrangers de fournir les approvisionnements en produits frais achetés traditionnellement en Arabie , la Qatar National Bank a vu quelques investisseurs institutionnels et fonds de placement prendre les précautions d’usage mais le cours de la monnaie n’a pas varié , enfin les produits importés étaient traditionnellement des réexportations depuis Dubaï, le hub commercial de la région, qui se trouve dorénavant privé de plus de 600 millions de dollars de trafic. Par la suite, Doha annonce une série de réformes et de mesures sociétales qui visent surtout les travailleurs et investissements étrangers dans le pays. Ces annonces laissent entrevoir deux objectifs : consolider une économie qui aura à pâtir des conséquences du boycott, et d’humilier ses voisins du Golfe.
Le Qatar a pu compter sur l'aide de la Turquie et de l'Iran en établissant un pont aérien pour acheminer toutes les marchandises surtout les produits alimentaires, Pékin a aussi apporté son aide à Doha question importations. Le Qatar décide d'importer 10 000 vaches laitières des Etats-Unis pour ne plus dépendre du lait saoudien.
Sur le plan sécuritaire, le Qatar par la voix de son ministre de la Défense a récemment annoncé le souhait d’adhérer à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN/NATO), cette envie démontre une volonté de ne plus compter sur le C.C.G pour assurer sa protection. De plus, le secrétaire américain à la Défense et son homologue qatari Khalid al Attiyah ont discuté des opérations en cours contre le groupe Etat islamique et souligné l'importance d'une désescalade des tensions. En effet l’une des plus grandes bases militaires des américains est sur le sol qatari. D’ailleurs Washington, a tenu à remercier Doha d’avoir hébergé leur base militaire. Signe de la poursuite de cette coopération militaire, l'agence d'information qatarie QNA a annoncé mercredi l'arrivée de deux bâtiments de l'US Navy à Doha afin de prendre part à des exercices militaires communs avec la marine de l’émirat. On remarque aussi une multiplication des achats d‘armements auprès des grandes puissances, signe que le Qatar a cherché à protéger ses frontières.
Le tournant diplomatique du Qatar
Le président sénégalais Macky Sall accueille l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al-Thani, à son arrivée à Dakar, première étape de sa tournée en Afrique de l’Ouest, le 20 décembre 2017.
Prévue depuis la fin de l’été 2017, la tournée en Afrique de l’Ouest de l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al-Thani, entre le 20 et le 24 décembre 2017, a clairement été organisée afin de remercier les Etats ne s’étant pas rangés derrière l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis (EAU) dans la crise du Golfe. Tamim Ben Hamad Al-Thani s’est rendu dans six pays : Sénégal, Mali, Guinée, Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Ghana. Depuis son arrivée au pouvoir en 2013, il n’avait pas encore effectué de visite dans cette région, se concentrant davantage sur l’Afrique de l’Est. Mais le rappel dans leurs capitales respectives, en juin, des ambassadeurs mauritanien, nigérien, tchadien et sénégalais en poste au Qatar avant que ce dernier ne retourne à Doha en septembre a achevé de convaincre les autorités de l’émirat de la nécessité d’investir davantage de temps et de moyens en Afrique de l’Ouest. Cette visite de L'Émir vient affirmer la considération que Doha tient à prouver puisque qu’aucun d’entre eux n’a pris position dans le conflit qui oppose son pays à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis. Une neutralité analysée à Doha comme bienveillante, Riyad et Abu Dhabi ayant exercé une forte pression sur les dirigeants africains pour qu’ils mettent au ban le Qatar. Cette tournée ouest-africaine ne s’est d’ailleurs pas accompagnée de l’annonce de grands investissements économiques. La plupart des signatures intervenues entre le Qatar et les six pays visités ont concerné les domaines de l’aviation, du développement d’infrastructures sportives, de l’éducation ou de la santé. Notons que le Maroc reste un des plus grands investisseurs dans la région, de ce fait Qatar prend exemple en termes d’investissements massifs. En revanche, la forte pression exercée sur les deux autres membres de l’organisation du G5, le Mali et le Burkina Faso, pour qu’ils se rangent derrière Riyad et Abu Dhabi n’a pas encore fonctionné. Bamako et Ouagadougou, qui ont récemment ouvert une ambassade à Doha après plusieurs années de négociations, n’ont pas souhaité briser cette nouvelle dynamique porteuse d’espoirs économiques.
Au-delà de la crise elle-même, c’est l’avenir du CCG lui-même qui est menacé. Cette instance de dialogue entre les monarchies de la péninsule arabique créée en 1981 en pleine guerre Iran-Irak, a pour but de former un bloc économique, politique et militaire destiné à se protéger des grands acteurs régionaux. La principale menace qui pèse sur le CCG est incarnée par le nouvel axe Riyad-Abou Dhabi, illustré par la rencontre Mohammed ben Salmane (Mohamed Ben Salmane) (Arabie Saoudite) / Mohamed Ben Zyad (Emirates Arabes Unis) de juin 2018, au cours de laquelle 44 accords de coopération ont été signés. Cette nouvelle alliance pourrait de facto mettre en péril la Conseil de Coopération du Golfe, qui jusqu’alors permettait une collaboration régionale plutôt que bilatérale. Le refus d’Oman et du Koweït de suivre le mouvement de boycott du Qatar ils se sont même posés en médiateurs.
Enfin, le rapprochement très récent opéré entre la Russie et le Qatar mériterait, à notre sens, une attention particulière. Près d’un an et demi après la première visite officielle de l’émir à Moscou pour rencontrer le Président russe Vladimir Poutine, le 18 janvier 2016, un nouvel axe Moscou/Doha semble se consolider à l’aune d’une part, de la signature d’un premier accord de défense le 6 septembre 2016, d’autre part, d’un renforcement de la coopération dans le domaine gazier au-delà Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), et enfin, par les premiers rapprochement d’une entente Moscou-Ankara Doha sur le traitement de la question syrienne. Depuis plusieurs années déjà, Doha cherche à alléger sa dépendance à la puissance américaine. Le refroidissement des relations avec Washington pourrait ainsi accélérer cette dynamique qui amènerait le micro-État à regarder demain de moins en moins à l’Ouest et davantage à l’Est. La concomitance de la tournée ouest-africaine du chef de l’Etat qatari et du versement des fonds saoudiens et émiratis au G5 Sahel n’est pas fortuite. Les deux blocs tentent de conforter leurs acquis dans la région. Cependant, il ne faut pas minorer le rôle joué par les Occidentaux dans ce nouveau militantisme. La France en particulier, très présente dans la bande sahélienne afin de lutter contre les mouvements terroristes, souhaite que les pays du Golfe prennent une part du fardeau sécuritaire de la zone. Les Européens et les Américains comprennent parfaitement que la crise du Golfe est propice à mettre en concurrence les différents blocs qui s’affrontent afin de les faire participer aux longs et coûteux efforts nécessaires à la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest. L’avenir du Conseil de Coopération du Golfe voit son avenir déstabilisé avec cette crise et aussi avec le climat actuel du Moyen -Orient.
Conclusion
Pour conclure, la crise du Golfe fait apparaître des turbulences non seulement sur la région du MENA mais aussi à l’internationale. Tous les pays sont concernés puisque cette ‘guerre des princes’ est vue comme un séisme politique sur la scène internationale. Les questions économiques et les questions des ressources de gaz, de pétrole et d’hydrocarbures sont au cœur des préoccupations des pays voisins et des pays dépendants de ces ressources. L’opacité des intrigues et la multiplication des fausses informations rendent la compréhension de la crise du Golfe particulièrement difficile. Celle-ci apparaît cependant nettement comme le résultat de tensions anciennes latentes, et de l’imbrication d’enjeux multiples. Tous les scénarios semblent aujourd’hui possibles, mais il est certain que la rivalité de fond qui divise les régimes du Golfe n’est pas prête de se résoudre. Celle-ci pourrait avoir un impact majeur sur les jeux d’alliances complexes qui lient les pays du Moyen-Orient. Certains observateurs voient la crise du Qatar comme une stratégie pour détourner l’attention et soutenir la montée au pouvoir de bin Salman. D’autres au contraire insistent sur le rôle clé joué par les Emirats arabes unis, considérant Mohammed bin Zayed, puissant prince héritier d’Abu Dhabi, comme l’instigateur principal de la crise. Mais également que l’objectif principal des régimes du Golfe à l’origine du blocus était avant tout un changement de régime au Qatar. Cette crise du Golfe remet surtout en question la lecture des conflits de la région qui tendait jusque-là à analyser les dynamiques régionales à travers l’opposition entre le monde chiite et le monde sunnite.
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